CO2, Gaz de schiste, Gaz de shale, La révolution des gaz de schiste, Méthane, Normand Mousseau, Éditions Multimondes.
Dernièrement, j'ai eu la chance d'obtenir le nouveau livre de Normand Mousseau, professeur de physique à l'Université de Montréal et expert en vulgarisation scientifique, La révolution des gaz de schiste. Après la lecture de l'ouvrage, je ne peux que le recommander à toute personne désirant en apprendre plus sur le sujet. En effet, le livre est excessivement complet et sa lecture est d'une facilité déconcertante, même pour un néophyte en la matière.
Pour débuter, le livre se veut un résumé étoffé du dossier de l'exploitation des gaz de schiste localement, mais aussi d'un point de vue mondial. L'auteur résume l'ouvrage ainsi:
« Ce livre n’est pas une prise de position pour ou contre l’exploitation des gaz de shale. une telle responsabilité ne m’appartient pas, comme physicien et universitaire. Par contre, j’espère définir ici une base commune – évidemment incomplète – qui contribuera à éliminer les demi-vérités et les manipulations du débat pour recentrer ce dernier sur les faits et les inconnues réels. »
Le livre débute par un résumé de la situation du gaz naturel avant l'avènement de la nouvelle technique permettant de récolter le gaz de schiste, ou plutôt devrais-je dire gaz de shale, comme expliqué dans l'encadré Shale ou schiste en page 3 du livre.
Vient ensuite une partie plus technique qui explique la géologie des shales et la fameuse technique de la fracturation hydraulique. Le livre expose ensuite le dossier environnemental, où l'auteur nous explique que le gaz naturel est plus propre que les autres sources d'énergies non-renouvelables comme le pétrole et le charbon. Pourquoi me demanderez-vous? Je cite à nouveau le livre pour vous répondre:
« Constitué essentiellement de méthane, une molécule de quatre atomes d’hydrogène rattachés à un seul atome de carbone, le gaz naturel brûle de manière optimale : combiné à 2 molécules d’oxygène (o2) et en présence de chaleur, le méthane réagit pour donner une molécule de gaz carbonique, Co2, et deux molécules d’eau, H20, libérant 55 MJ/kg au passage 5 . à poids égal, la combustion de gaz naturel libère deux fois plus d’énergie que l’équivalent en charbon de bonne qualité et 17 % de plus que l’essence. Pour une même énergie, on brûlera donc moins de carbone et on produira moins de Co2, un gaz à effet de serre, mais aussi moins de pollution au sol, car le méthane est plus facile à purifier et sa combustion est beaucoup plus complète que celle des longues molécules présentes dans les produits pétroliers et le charbon, laissant au final très peu de résidus. »
Côté environnement, c'est bien le seul avantage; les désavantages se répartissant en 3 catégories:
« 1. les dérangements pour la population et l’environnement associés à l’activité industrielle elle-même : forage, fracturation, passage de camions-citernes et exploitation d’un combustible gazeux en général ;
2. les risques associés à l’eau, allant de la contamination des eaux souterraines au traitement des eaux usées ;
3. la contribution aux changements climatiques de ces gaz. »
La section suivante présente l'exploitation des gaz de shale à travers le monde et les modèles de développement de la ressource aux États-Unis, en Norvège et au Canada sont comparés. En ce qui a trait à la situation du Québec, ces deux extraits résument la situation peu envieuse dans laquelle nous nous retrouvons:
« Face à une industrie dominée par un nombre toujours plus petit de joueurs, le Québec a rarement su établir un véritable rapport de force et, de tout temps, les redevances nettes payées par les minières se sont maintenues à un niveau ridiculement bas. Confiant dans la quantité quasi illimitée des ressources du sous-sol de la province, les gouvernements qui se sont succédé à la tête du Québec ont systématiquement conçu leurs rapports avec ces sociétés d’un seul point de vue : pourvu que l’on crée des emplois, la destination des profits ne leur importait peu.
Sans avertissement, le budget 2009-2010 prévoit donc l’instauration d’un congé de redevances de cinq ans sur la production de gaz naturel. Cette nouvelle passe presque inaperçue puisque la province ne dispose d’aucune industrie de la sorte. or, un tel congé est un cadeau taillé sur mesure pour cette ressource non traditionnelle. Tout d’abord, le temps nécessaire pour le forage d’un puits de gaz de shale se compte en semaines et, une fois la phase d’exploitation lancée, le pic de production est atteint en quelques mois. Celle-ci décline rapidement et, après cinq ans, le rendement du puits est négligeable. Le congé de cinq ans revient donc à éliminer simplement le système de redevances pour le secteur des gaz de shale, en contradiction avec les projections gouvernementales qui prévoient des revenus de plusieurs centaines de millions de dollars tirés de l’exploitation de ces ressources. »
Biens d'autres éléments de réponses sont expliqués dans le livre et tout cela démontre à quel point le Québec n'est pas prêt à exploiter le gaz de shale. Du moins, pas dans l'intérêt de ses citoyens.
À la fin du livre, l'auteur avance une opinion personnelle que je respecte, mais que je ne partage pas. Il la résume ainsi:
« Il faut discuter au plus vite du modèle économique, environnemental et social que le Québec veut suivre en intégrant dans une réflexion plus large sur l’ensemble de ses ressources énergétiques cette filière non traditionnelle. »
Je crois, au contraire, que nous devrions imposer un moratoire face à cette industrie le temps de mettre des bases légales solides. La Loi sur les mines se devra d'être peaufinée pour une industrie nouvelle, car en ce moment, les droits des municipalités et citoyens sont complètement bafoués. Pourquoi ne pas mettre des règles en place qui permettraient un impact environnemental moindre et un revenu monétaire au Québec et ses citoyens non-négligeable?
La révolution des gaz de schiste est disponible en ligne sur le site Internet des Éditions Multimondes:
De plus, vous pouvez trouver en librairie les nombreux livres des Éditions Multimondes. Trouvez ces librairies dans votre région en visitant ce lien:
Pour finir, je répète que le livre est très complet et que sa lecture vaut vraiment la peine! J'y ai moi-même appris beaucoup et vous y trouverez assurément votre compte! Bonne lecture!