Réchauffement climatique : minuit moins cinq

Publié par Gabriel Parent-Leblanc , en date du: 13.1.14

<meta name=”keywords” content=”Réchauffement climatique, Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, GIEC, Émissions de gaz à effet de serre, Niveau des océans” 
« Les changements climatiques sont un défi de long terme, mais qui exigent une action urgente, non pas demain, mais aujourd’hui et maintenant, étant donné le rythme et l’échelle avec lesquels les gaz à effet de serre s’accumulent dans l’atmosphère et les risques croissants de dépassement des 2 degrés Celsius d’augmentation de température » - Achim Steiner, directeur exécutif du Programme des Nations unies pour l’environnement

Le premier volet du fort attendu 5e rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) à été publié à la fin septembre et ses conclusions sont inquiétantes. Le groupe, gagnant d’un prix Nobel de la paix pour son 4e rapport en 2007, étudie le climat depuis 1988. Leurs rapports consistent en une synthèse de l’information scientifique disponible sur laquelle ils se basent pour construire des modèles de simulation du climat, des précipitations, etc.

Pour comprendre les conclusions de l’étude, commençons par analyser la figure 1 :
Figure 1 : Émissions de gaz à effets de serre en fonction de différents scénarios
(traduction de la figure SPM.10 de GIEC, 2013)

  • Les différentes simulations sont RCP 2.6, 4.5, 6.0, 8.5, identifiées par des traits de couleurs différentes. Ces chiffres représentent la force radiative supplémentaire face aux données de 1750. Celle-ci est calculée en identifiant toutes les composantes pouvant changer le climat (augmentation de la concentration de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère, le changement d’albédo en relation avec l’utilisation du sol, les changements dans le rayonnement solaire, etc.). En 2013, la force radiative supplémentaire à été évalué à 2.29. 
  • Le scénario RCP 2.6 considère donc qu’une diminution importante des émissions de GES serait apportée mondialement et que ce changement de force radiative se stabiliserait à 2.6. Au contraire, le scénario RCP 8.5 considère que les émissions de GES demeureront stables, ce qui augmentera de beaucoup de charge de force radiative. Les scénarios RCP 4.5 et 6.0 se trouvent entre les deux. 
  • L’ordonnée représente le nombre de degrés de réchauffement que ces scénarios produiront. Le scénario RCP 2.6 produirait une augmentation inférieure à 2 °C, le RCP 4.5 supérieur à 2,5 °C, le RCP 6.0 supérieur à 3 °C et le RCP 8.5 supérieur à 4,5 °C.

Les données exactes du réchauffement ainsi que de la montée des océans sont présentées dans le tableau 1 :

Tableau 1 : Changement de la température et du niveau des océans en fonction de divers scénarios (traduction du tableau SPM.2 de GIEC, 2013)


Scénario
2046 - 2065
2081 - 2100
Moyenne
Variation probable
Moyenne
Variation probable
Changement moyen de la température sur la surface de la Terre
RCP 2.6
1,0
0,4 à 1,6
1,0
0,3 à 1,7
RCP 4.5
1,4
0,9 à 2,0
1,8
1,1 à 2,6
RCP 6.0
1,3
0,8 à 1,8
2,2
1,4 à 3,1
RCP 8.5
2,0
1,4 à 2,6
3,7
2,6 à 4,8
Montée moyenne du niveau des mers mondialement
RCP 2.6
0,24
0,17 à 0,32
0,40
0,26 à 0,55
RCP 4.5
0,26
0,19 à 0,33
0,47
0,32 à 0,63
RCP 6.0
0,25
0,18 à 0,32
0,48
0,33 à 0,63
RCP 8.5
0,30
0,22 à 0,38
0,63
0,45 à 0,82

Force est de constater que le seul scénario qui permettrait une augmentation du climat de moins de 2 °C est celui où nous réduisons nos émissions de GES de façon drastique (RCP 2.6). Effectivement, d’ici à 2100, toutes les autres simulations indiquent la possibilité d’une augmentation plus élevée que la cible.

Le rapport Stern Review, de Nicholas Stern , ancien vice-président de la Banque mondiale, affirmait qu’en 2006, il en couterait 2 % du PIB mondial pour réduire les émissions de GES et ainsi les impacts du réchauffement climatique. Au contraire, si rien n’est fait en ce sens, les conséquences du réchauffement climatique pourraient coûter jusqu’à 20 % du PIB mondial.

Il n’est donc toujours pas trop tard pour agir… Mais il est minuit moins cinq. Attendre avant d’agir ou continuer d’agir de la même façon aura un impact dévastateur partout sur Terre. Oui, M. Harper, c’est vous et votre sable bitumineux que je pointe du doigt!

Référence : 

GIEC (2013). Climate Change 2013 : The physical Science Basis – Summary for Policymakers. [En ligne] http://www.climate2013.org/images/uploads/WGI_AR5_SPM_brochure.pdf (Page consultée le 18 novembre 2013).

Stern, N. (2006). STERN REVIEW: The Economics of Climate Change – Executive summary. [En ligne] http://webarchive.nationalarchives.gov.uk/+/http:/www.hm-treasury.gov.uk/media/4/3/Executive_Summary.pdf (Page consultée le 18 novembre 2013).