Qui est responsable de promouvoir la voiture électrique?

Publié par Unknown , en date du: 10.2.13

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Tout récemment sur EcoloAuto.com, on publiait un article concernant un sondage effectué pour le compte du CAA. Selon les résultats, 42% des Canadiens sondés songent à l’achat d’une voiture électrique lorsque viendra le temps de remplacer leur véhicule actuel.

J’ai toujours un peu de misère à croire de tels sondages. Je crois en la bonne volonté des gens et l’importance qu’ils accordent à l’environnement et je crois que tout le monde, dans un monde parfait, voudrait une voiture qui ne pollue pas et ne consomme pas d’essence. Mais, malheureusement, les besoins du quotidien viennent souvent freiner les ardeurs écolos des acheteurs potentiels.

En d’autres mots, lorsqu’on est confortablement assis devant un écran d’ordinateur et l’on remplit un sondage, il est beaucoup plus facile de laisser nos idéaux guider nos réponses. Toutefois, cela ne veut pas dire qu’un tel sondage n’a pas la capacité de nous informer sur l’état d’esprit des gens face à la voiture électrique.

Par exemple, 64% des gens interrogés croient qu’une voiture électrique coûte plus cher à l’utilisation qu’une voiture à moteur conventionnel, ce qui est tout simplement faux. Ensuite, 63% des répondants disent avoir peur de manquer d’énergie lors de leurs déplacements. D’ailleurs, si je devais nommer la contrainte la plus importante au développement du marché de la voiture électrique d’après ce que me disent les gens, ce serait cette anxiété à l’égard de l’autonomie d’un moteur électrique.

Malgré le fait que le circuit de borne de recharge au Québec est de plus en plus étendu et développé, nous ne sommes toujours pas au point où l’on peut dire avec assurance à un consommateur potentiel qu’il y aura toujours une station de recharge à proximité.

Bornes de recharge du programme Circuit électrique
Ce qui ressort de ce sondage en premier lieu, à mon avis du moins, est que nous sommes encore au stade préliminaire en ce qui concerne la dissémination d’information et l’éducation des consommateurs en ce qui a trait à la voiture électrique. En deuxième lieu, malgré les efforts concrets et soutenus du Circuit Électrique et de ses partenaires, nous n’avons pas encore été en mesure de rassurer la population quant à la disponibilité d’un poste de recharge en cas de besoin.

Récemment, à la journée média du Salon de l’auto de Montréal, j’ai eu l’occasion de discuter avec Cara Clairman, présidente de Plug'n Drive Ontario, un organisme sans but lucratif qui se charge de promouvoir la voiture électrique en Ontario. Elle m’exposait les plus grands défis auxquels son organisation devait faire face. Entre autres, la non-volonté des concessionnaires à vendre la voiture électrique. Selon Mme Clairman, plusieurs acheteurs potentiels lui ont mentionné que les détaillants dissuadaient l’achat d’une voiture électrique au profit d’une voiture hybride ou à essence et, ce, même s’ils tenaient en inventaire des voitures électriques.

Vous en conviendrez que si ce type de comportement se produit à grande échelle, les campagnes informatives à propos de la motorisation électrique mises de l’avant par le CAA et Hydro-Québec risquent de s’avérer un coup d’épée dans l’eau.

Lorsque Nissan a lancé sur le marché son modèle Leaf au Canada en 2011, j’ai été immédiatement encouragé par l’attente que ce constructeur d’importance allait investir financièrement dans l’éducation des consommateurs et la promotion de la technologie électrique. La voiture totalement électrique, jusque là encore un concept flou et obscur, était maintenant soutenue par un manufacturier important. Peu de temps après, on a eu vent que Mitsubishi allait également vendre une voiture électrique, la I-Miev.

Aujourd’hui, le marché compte 4 voitures 100% électrique et 4 voitures hybrides branchables avec un nombre impressionnant de modèles à venir, construits par des manufacturiers aussi importants que Toyota, General Motors, Ford, Honda et Nissan. Pourtant, on se retrouve tout de même avec les problèmes énumérés plus haut.

Les concessionnaires ne semblent pas intéressés à vendre des voitures électriques, les consommateurs sont mal informés et le réseau de borne de recharge ne semble pas assez étoffé afin de diminuer les craintes des conducteurs à propos de l’autonomie. Alors que faire pour remédier à ces problèmes? Pourquoi ne pas demander aux manufacturiers qui construisent des voitures électriques et branchables de s’impliquer davantage? Après tout, ils seraient les premiers à bénéficier d’un engouement public pour cette technologie. 

Regardons tout d’abord du côté des concessionnaires. J’ai personnellement travaillé quelques années en tant que représentant aux ventes de voitures neuves et je peux vous dire qu’il y a deux facteurs qui dirigent les décisions et les actions des détaillants : la marge de profit du véhicule et la popularité des modèles.

Je ne connais pas avec assez de certitude la marge de profit dont bénéficie un concessionnaire sur les voitures électriques vendues, mais ce que l’on sait c’est que beaucoup de détaillants ne désirent pas les tenir en inventaire.

Les constructeurs doivent s’assurer qu’il est bénéfique pour un concessionnaire de vendre des voitures électriques et surtout de former adéquatement son personnel afin de répondre aux questions des clients.

Il est également primordial que les manufacturiers combinent leurs efforts afin d’éduquer les conducteurs sur les bienfaits du moteur électrique. Le travail des diverses agences gouvernementales ainsi que du CAA à cet égard est louable, cependant un effort soutenu et justifiable des compagnies automobiles pourrait rejoindre plus de gens et offrir plus de ressources à ceux qui désirent s’éduquer davantage sur le sujet.

Il y a aussi la question du réseau de borne de recharge. Tel que mentionné précédemment, une crainte majeure des consommateurs serait que la batterie de leur voiture électrique tombe à plat sans station de recharge dans les environs. Toutefois, avec des partenaires privés tels que Métro, St-Hubert et Rona, le Circuit Électrique prend continuellement de l’ampleur.

Cela étant dit, une assistance financière de la part des manufacturiers de voitures électriques permettrait de construire plus de bornes et, parallèlement, de diminuer les craintes des acheteurs à l’endroit de l’autonomie de leur voiture électrique. Il pourrait y avoir un développement plus exhaustif des stations de recharge en utilisant le réseau des concessionnaires des constructeurs ou encore en obtenant un financement supplémentaire de ces derniers dans le but de favoriser la création de nouvelles bornes de chargement.

Nissan, Mitsubishi, Toyota, Ford et les autres seraient les premiers bénéficiaires d’une éducation accrue des acheteurs et d’un réseau de bornes de recharge plus réconfortant. Il me semble donc normal qu’ils participent activement aux efforts collectifs de publicité et de développement du circuit électrique. 

On parle souvent d’un débat de l’œuf et la poule avec la voiture électrique. Eh bien, si l’on demandait à la poule de soutenir son œuf au lieu de le demander aux autres?