Chercher le courant: un documentaire à voir et à revoir!

Publié par Gabriel Parent-Leblanc , en date du: 6.6.11

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J'ai récemment eu la chance de regarder le documentaire-choc Chercher le courant grâce à sa diffusion à l'émission Les grands reportages sur la chaîne de télévision RDI. Le documentaire suit l'aventure du journaliste Alexis de Gheldere, de l'écopédagogue Nicolas Boisclair et de deux environnementalistes du groupe Alliance Romaine. Le tournage, qui s'est déroulé pendant l'été 2008, nous expose à une rivière encore à l'état naturel qui sera irrévocablement modifiée par le Projet de la Romaine, d'Hydro-Québec.

Ce dernier prévoit l'installation de 4 barrages hydroélectriques totalisant une puissance de 1 550 MW (mégawatt = 10^6 watts). En tout, le projet coûtera 8 milliards de dollars (6,5 milliards pour les barrages hydroélectriques et 1,5 milliard pour les lignes de transport). Les travaux s'échelonneront de 2009 à 2020.

(Source: Chercher le courant)
Le documentaire nous force à remettre les choses en perspective: en 2011, ne devrions-nous pas investir dans les énergies vertes (solaire, éolien, biomasse, etc.) plutôt que d'harnacher l'une des dernières rivières naturelles du Québec? Le film est très bien documenté et nous montre avec pertinence et finesse que plusieurs options ont moins d'impact sur l'environnement et sont plus rentables financièrement.

Je recommande le visionnement à tout le monde. Pour citer l'équipe du documentaire, « si vous payez un compte d'électricité, vous devez voir ce film ». Cependant, si jamais vous n'avez pas le temps de regarder le film, voici les faits mentionnés dans le documentaire qui, selon moi, sont les plus importants pour résumer le tout:
  • La rivière Romaine est située sur la Côte-Nord, au nord d'Havre Saint-Pierre et coule sur approximativement 500 kilomètres;
  • À l'époque, l'hydroélectricité était la seule énergie renouvelable développable à grande échelle et à faible coût. Les Québécois sont fiers de leur hydroélectricité, et ce, avec raison. Imaginez si les gouvernements s'étaient pliés devant les lobbies de l'industrie gazière et pétrolière... Le Québec n'aurait pas le même bilan environnemental aujourd'hui;
  • Les 6,5 milliards de dollars pour la construction des 4 barrages équivalent à un coût énergétique de 10 sous/kWh (Hydro-Québec refuse d'inclure les lignes de transport dans ses calculs). De même, le projet de 1550 MW équivaut à une production de 8 TWh (térawatt-heure), donc 8 milliards de kWh (kilowatt-heure);
  • Investir dans des programmes d'efficacité énergétique coûterait 3 sous/kWh pour une économie de 23 TWh;
  • Investir pour remplacer tous les chauffe-eaux électriques par des chauffe-eaux solaires pourrait équivaloir à une économie de 11 TWh;
  • La biométhanisation des déchets organiques coûterait de 6 à 18 sous/kWh, pour un équivalent d'économie de 18 à 30 TWh. De plus, il y a assez de terre à l'abandon au Québec pour cultiver assez de biomasse pour chauffer annuellement 400 000 résidences. Cela pourrait créer beaucoup d'emploi en région;
  • Investir dans un projet éolien de même envergure que le projet de la Romaine coûterait 6,5 sous/kWh. Un tel projet demanderait de 4 à 9 kilomètres carrés de surface, contre 279 pour inonder les réservoirs hydroélectriques; 
  • Il n'y a plus d'argent à faire avec l'hydroélectricité. Toutes les rivières les plus profitables ont déjà été harnachées;
  • Le Québec possède déjà un surplus d'énergie équivalent à trois fois le Projet de la Romaine. Nul doute, donc, que l'énergie engendrée ira vers l'exportation;
  • Or, Hydro-Québec ne trouvera pas d'acheteurs pour une énergie produite à 10 sous/kWh. En effet, la société d'État a signé pour 20 ans une entente avec le Vermont pour leur acheminer de l'électricité à un coût allant de 5 à 6 sous/kWh. Ils vendent aussi de l'énergie aux alumineries à 4,2 sous/kWh;
  • Hydro-Québec a déjà confirmé qu'entre 2014 et 2018, le coût de l'électricité au Québec augmentera de 37 %. Nous, contribuables, allons payer chèrement le projet de la rivière Romaine. Qui semble y gagner au bout du compte? Quelques contracteurs et firmes d’ingénieries qui doivent avoir de puissants lobbies auprès du gouvernement...

Bref, vous l'aurez constaté, la situation est grave et le documentaire le démontre d'une façon éloquente. Pour que les gens du Québec puissent garder un niveau de vie élevé tout en ayant le plus faible impact environnemental, il n'y a aucun doute: le futur passe via les énergies vertes. Pas l'hydroélectricité, pas le nucléaire et encore moins le gaz de schiste et les sables bitumineux. Investissons pour notre bien-être et celui de nos enfants...

Pour finir, je vous conseille fortement de signer la pétition de l'Assemblée nationale sur la gestion de l'énergie au Québec et sur le projet de la rivière Romaine:

https://www.assnat.qc.ca/fr/exprimez-votre-opinion/petition/Petition-1761/index.html

Vous avez jusqu'au 20 août 2011 pour le faire. Ça ne prend qu'une petite minute à remplir!

(Vous pouvez également en profiter pour signer celle sur l'exploration gazière aux Îles-de-la-Madeleine: https://www.assnat.qc.ca/fr/exprimez-votre-opinion/petition/Petition-1845/index.html)